Inner Wars
Dans le cadre du cycle «Citéphilo 2023 - UKRAINE, DIX ANS DE FILMS, 2014-2023»Projection suivie d'une rencontre avec la réalisatrice Masha Kondakova.
«Citéphilo 2023 - UKRAINE, DIX ANS DE FILMS, 2014-2023» cycle du 14 au 26 novembre 2023: 1 Conférence / Master classe, 7 Projections, 7 films.
L’Ukraine fut le lieu, dès les débuts du cinéma, puis dans le contexte issu de la révolution de 1917, d’une grande et brillante activité cinématographique : Studios d’Odessa en 1907, Ateliers cinématographiques de Yalta en 1916, Studio Dovjenko de Kyiv en 1927, cinéma soviétique des années 20, avec ses grands noms : Dziga Vertov (L’homme à la caméra, 1929, filmé à Odessa,–Enthousiasme, ou La Symphonie du Donbass, 1931), Oleksandr Dovjenko (Zvenigora, 1927 –Arsenal, 1929 – La Terre, 1930). Et c’est aussi dans les Carpates ukrainiennes que Sergueï Paradjanov (prix Taras Chevtchenko à titre posthume, en 1991) a filmé Les Chevaux de feu (1965).
Et l’Ukraine, aujourd’hui ? … depuis le mouvement Maidan (novembre 2013/février 2014), manifestation d’indépendance tellement insupportable à l’État russe de Poutine que dès la chute de son complice Ianoukovitch il punit le peuple ukrainien de son audace par l’invasion et l’annexion de la Crimée, puis par l’encadrement armé du séparatisme pro-russe dans le sud (mars 2014) et dans l’est (avril 2014) du pays, et enfin par l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022.
Notre sujet, aujourd’hui, est de comprendre comment cette affirmation nationale ukrainienne contemporaine est prise en charge, depuis l’événement de Maidan, par les cinéastes en Ukraine, qu’ils filment frontalement la guerre (en fait, le front du Dombass, à partir de 2014) ou non.
Tout ce qu'il
faut savoir
Suite à l'insurrection prorusse déclenchée dans l'est de l'Ukraine en 2014, Lera, journaliste, a choisi de rallier l'armée nationale. Elle est tombée amoureuse de son formateur, un démineur qui a trouvé la mort peu après. Witch, mère de famille, a rallié le front pour retrouver un homme et compte parmi les rares femmes militaires auxquelles on confie des tâches opérationnelles. Ira, infirmière, s'est engagée comme médecin sur le terrain, avant de sauter sur une mine. Après son amputation des deux jambes, elle est retournée à la vie civile. Trois femmes, trois portraits fragmentés qui dévoilent des vies engagées à l'extrême, parfois au prix d'un lourd tribut.
Quelles raisons profondes ont poussé Lera, Witch et Ira vers le combat, au-delà de l'ardeur à défendre l'intégrité de leur pays ? Le documentaire de Masha Kondakova ne cherche pas à répondre à cette question, délaissant la psychologie pour l'intensité du présent, y compris dans les moments d'inaction. Car pour ces femmes soldats qui doivent endurer le machisme ambiant, le combat réel reste la plupart du temps inaccessible. Seule l'étonnante Lena, surnommée "Witch", balai de sorcière accroché au coffre de son quatre-quatre, a pu se faire une vraie place sur le front, buvant avec les hommes comme si elle était des leurs. Lera, malgré sa coupe punk et ses tatouages, est tenue éloignée du feu, si bien qu'elle finit par enfreindre les ordres. Ira, elle, revenue vivre à Kiev après la perte de ses jambes, se démène avec son fauteuil roulant et sa colère… La réalisatrice montre ces existences frontalement, parfois au péril de sa vie, sans commentaire, offrant un point de vue âpre sur les échos dévastateurs d'une guerre alors encore limitée à une région, annonciatrice de celle qui déchire le pays aujourd'hui.
Inner Wars
Fiche technique
- Réalisation : Masha Kondakova
- Production : Hirvi
- Co-production : Insightmedia Producing Center, Volodymyr Filippov, Oleksandr Kovalenko, Andriy Suyarko, Alla Ovsyannikova
- Pays de production : Ukraine, France
- Année : 2020
- Durée : 66 minutes
- Langue originale : Ukrainien
- Version sous-titrage : Français
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