Ladie Burger

C'est lors d'une manifestation gilets jaunes à Amiens que j'ai rencontré Mélanie. Plus tard, à l'occasion d'un trajet en voiture pour assister à l'Assemblée Générale des gilets jaunes de l'Oise, j'ai eu l'occasion de discuter plus longuement avec elle. Les bribes entendues ce soir-là m'ont donné envie de suivre Mélanie et d'essayer de comprendre d'où venait ce soulèvement soudain. Mélanie dit souvent ne jamais avoir milité avant, mais de par son histoire, elle est sensible depuis longtemps à certaines questions, comme l'antiracisme et les violences policières.
Mélanie est franco-algérienne et elle a grandi dans le quartier nord d'Amiens. L'injustice, la relégation sociale, la pauvreté, elle connait. Elle a côtoyé tout cela de près et elle continue à en être témoin car elle est devenue travailleuse sociale. C'est parce-que Mélanie est détentrice de cette histoire qu'elle a hésité à entrer dans un mouvement qui au départ semblait largement ouvert aux nationalistes. Mais c'est aussi une des raisons pour lesquelles elle s'y est engagée. Ce paradoxe fonde l'engagement de Mélanie et fait d'elle une figure plutôt à part dans le mouvement.
Ce film ne revient pas sur l'histoire du mouvement des gilets jaunes. Ce n'est pas un film collectif, mais le portrait d'une femme qui lutte et qui se confronte aux difficultés et aux traumatismes d'un combat qui demande un engagement très fort sur la durée. À travers Mélanie, je cherche aussi à montrer les coulisses de l'engagement, ce que l'on ne voit pas lorsque l'on observe de loin un soulèvement populaire massif.

Ladie Burger